.h . ^^ T ^^^^^ Ùld^^ ît-c-- / /r BIBLIOTHÈQUE RELIGIEUSE ET NATIONALE APPROUVÉE PAR Mgb L'AEOHEVÊQUE de MONTRÉAL. Série petit in- 12. Ij^ SAINTE-CATHERINE ET SES SOUVENIRS 25 NOVEMBRE c»î«ar amitié pour moi, tu devrais surmonter ta répugnance. Lise : Allons... essayons encore I Claire : Ah ! à la bonne heure I chère sœur ! {elle l'embrasse.) 62 LA SAINTE-CATHERINE. Lise : Oh ! c'est bien pour toi ! Claire : Merci !... Tiens, si tu veux, étudions Pair du Pré aux clercs. Lise : Le Pr^ aux clercs... j'aimerais mieux... au clair... de la lune... Claire : Apprenons d'abord la première ligne,...., Eô6\itô-lnoi tîeii : (elle prmd un cahiê^ lie musique sur le piano, etcKantCi en battant ta mesure, tes premières mesures dej^ûir : Ben- âMz-moi ma patrie.) Si, la, sol, dô, si, la, .- à toi maintenant. Lise : {Chantant faux.) Si, la, sol Claire : Non I ce n'est pas cela, c'est trop haut : Si, la, sol va ! Lise : Si... la sol [Elle s' est arrêtée longtemps sur le Si et a dit le Sol très vite.) Claire : Non 1 C'est bien comme intonation, mais tu restes trop longtemjis sui* lé Si. Lise : Quelle scie, mon Dieu ! la leçon de chant. 63 Claire : Si, la sol ; do, si la. . . à toi. Lise : Si, la sol ; Do si la [elle a dit ces trois notes sans séparer le Do des deux dernières.) Claire : Bon, en t'étalant davantage sur le Do , Lise : Qu'est-ce que tu dis ? Claire : C'est juste, tu ne sais pas s'étaler sur une note veut dire lui donner plus de valeur qu'à une autre. Lise : Ah I bien. Claire : Encore une fois. Lise : Si, la sol ; Do, si la. . . Claire : Bravo ! parfait 1 Tu vois qu'on y arrive tout de même. Lise : Ce n'est pas sans peine I Claire : Ba^à I cela finira par aller tout seul. Dis les paroles, maintenant. 64 la sainte-catherine. Lise : {Chantant.) Eendez-moi ma pat ♦ Claire : Hein ? Lise: Je dis ce qu'il y a I Claire : Comment, rendez-moi ma patte... Pour- quoi t'arrètes-tu sur patte f Lise : Parce que la première ligne finit là. Claire : Oh 1 il ne faut pas couper les mots ainsi en deux tronçons ! . . . sur la seconde ligne, il y a : rie. Lise : C'est vi'ai ; ça fait une patte et du riz 1 Claire : Mais non î ça fait patrie I rendez-moi ma patrie I Lise: Ah I bon l Claire : [A part,) Quelle patience, bonté divine I la leçon de chant. 65 Lise : Fi'anchement, il n'y a qu'en mnsîque qu'on voit de pareilles choses... Tu as beau faire, j'en ai assez t EBFEAIÎT. Claire : Vraiment la musique Est un art magique ; Lise : Vraiment la musique M'est antipathique ; Etc., etc., etc. m. Claire : Eh quoi 1 si vite tu te lasses Et tu ne veux plus m'écouter. Lise : Ah I que veux-tu ? quoique tu fasses, Je ne saurai jamais chanter, Claire : Allons donc ! pas d'impatience I Lise : La musique est un vrai fatras ! 66 LA SAINTE-CATHERINE. ENSEMBLE : Claire : Avec de la persévérance On arrive à tout, ici-bas I Lise : Malgré tant de persévérance J ai beau faire, je ne puis pas ! PARLÉ: Claire : Comment, tu ne peux pas ? Lise : Non, là I Claire : Vous saurez, mademoiselle, qu'on peut tout ce qu'on veut. Lise : Ah ! ça, par exemple !... Claire : Oui, c'est maman qui me l'a dit. Lise : Ah I... alors îaisse-moi tranquille avec ta musique. Claire : Pourquoi ? quel rapport ?... la leçon de chant. 67 Lise : Parce que je le veux. Claire : Ce n'est pas la même chose 1 Lise : Mais si I Claire : Mais non ! on peut ce qu'on veut quand on veut des choses raisonnables. Lise : Alors fu n'es pas raisonnable en voulant m'apprendre la musique. Claire : Comment !... mais si Lise : Mais non, puisque tu ne peux pas I Claire : Tu ne sais ce que tu dis, et pendant ce temps, l'heure passe. Lise : Heureusement ! Claire : Allons ! allons I travaillons 1 Lise : Ah ! encore ? 68 la sainte-catherine. Claire : Toujourai,.. laissons le Pré aux clercBj c'est trop difficile pour toi, et prenons ce dont tu pai'lais tout à l'heure, l'air du Glair de la lune. Lise : Oh I celui-là, je le sais ! Claire : Bst-oe bien sûr ? Lise : Pardine !... tiens, écoute : [eïle chante.) Au clair de la... Claire : Non, non ! dis les notes. Lise : Soit ! {elle chante l'air du Clair de la lune.) Do, do, do, ré, mi ; ré ; do, mi, ré, ré, do. Claire : {Reprenant à Voctaoe inférieure pour faite une rentrée.) Do, ré, mi, fa^ sol, la, sol (Puis toutes deux continuent en duo^ et sam interruption,) ENSEMBLE : Lise : Do, do, do, ré, mi ; l'é ; do, mi, ré, ré, do... Claire : Mi, mi, mi, sol, do; sol ; mi, do, sol, sol, mi... la leçon de ohant. 69 Lise : Tiôos I... mais I... Claire : Quoi donc ? Lise : C'est drôle!... quand tu m'as appris cela, je n'ai jamais pu le chanter * Claire : Et maintenant, tu y parviens sans peine. Lise : C'est vrai I Claire : Ça te prouve que j'avais raison : rî-en ne résiste à la persévérance. Une chose te par rait difficile ? Acharne toi dessus l...... Tu ne la compi*ends pas encore ? laisse-la repo- ser quelque tejnps ; après, ta seras toute sui-pfiôe d'en venir à bout. Lise : Trai ? Claire : Dame 1 l'épreuve du Clair de la lune, Lise : Oui, ce clair de lune m'éclaire sur Vautre face de la question... et je me sens mainte- nant, grâce à toi, en état d'apprendre la mu- sique. 70 la sainte-cathbrine. Glaire : A la bonne heure 1 je savais bien que j'y arriverais I la persévérance I il n'y a que celai REFRAIN. Claire : Vraiment la musique Est un art magique j Lise : Vraiment la musique Est un art magique Claire : Il règne en vainqueur Car il sait charmer. Lise : Il règne en vainqueur Car il sait charmer. Claire : Grâce à ma science, A ma patience, Lise : Grôce à ta science, A ta patience, Claire : Enfin j'ai donc su Te le faire aimer. LA LEÇON DE CHANT. 71 Lise : Enfin tu sauras Me le faire aimer. Claire : Grâce à ma science, A ma patience, Lise : Grâce à ta science, A ta patience, Claire : Enfin j'ai donc su Te le faire aimer. Lise : Enfin tu sauras Me le faire aimer. — •^.»qf?3*î*'«-* CA LOTERIE DE LA SAINTE-CATHEEINE LA LOTERIE DE LA SAINTE-CATHERINE PROVERBE EN UN ACTE. PERSONNAGES : Mlle Jenny, sous-maîtresse. Une Dame, simplement vêtue» Une Paysanne, sa bonne, Louise. Aline. Armande, Eugénie. Maria. Elise. Plusieurs Jeunes élèves* SCÈNE PEBMIÈEE. C7ne salle où se trouvent des élèves disposées pour une petite fête. Louise, Aline, Armande, Eugénie. Aline : Ah ! ça, mesdemoiselles, j'espère que nous 76 LA SAINTE-CATHERINE. allons passer joyeusement notre fête de la Sainte-Catherine. Il n'y a pas de classe de- main j cela n'arrive pas souvent, il faut en profiter. Armande : Tiens 1 comme si ce n'était pas notre in- tention I Crois tu que nous avons besoin de conseil pour cela ? Aline : Je ne dis pas cela, mais si vous n'aviez pas encore adopté un plan Armande : Si fait, si fait.-^D'abord tu sais qu'une fois les offices terminés, c'est le moment d'une belle collation. Chacun son tour ; collation d'autant plus aimable qu'elle dure toute la soirée, accompagnée de jeux. Louise : Nous ne manquons jamais les bonnes oc- casions. Nos parents sont si bons, qu'ils sont aussi heureux que nous quand nous nousamusons. Nous devrions bien leui' payer cela en amour et en prévenances. Armande : Ah I ça ! voyons un peu I Je conviens que tu as raison, mais te voilà grave comme un pot de moutarde. Est-ce qu'on peut pas- ser le jour de la Sainte-Catherine sans s'a- muser ? la loterie. 77 Eugénie : Oh I personne ne dit cela. D'ailleurs, nous sommes trop bonnes joueuses, et puis nous ne voulons pas de sermon aujourd'hui. Jouons, et jouons vite, car la journée va s'é- couler en conversation. Aline : C'est vrai, cela ; au surplus, voilà made- moiselle Jenny qui nous recommandera aussi de nous bien amuser. Allons à sa ren- contre. (Elles sortent.) SCÈNE n. Mlle Jénnt, Louise. ( Une dame simplement vêtue et Marguerite sa bonne). Mlle Jenny : Eh bien ! vous partez ! vous n'étiez donc pas encore prêtes ? (Louise revient sur ses pas.) Louise : Je vous cherchais, mademoiselle, vous sa- vez que nous ne trouverions pas de bonne fête sans-vous. Mlle Jenny : Ni nous non plus, mes chères petites, quand vous êtes dociles et aimables ; c'est notre plus grande satisfaction d'être avec vous et de participer à vos jeux. [Elle Vem- brasse. Fendant ce temps, une dame arrive 78 LA SAINTE-CATHERINE. très simplement vttue, avec une domestique vêtue en paysanne.) SCÈNE III. I/es mêmes, les deux dames dont Vune vêtue en paysanne. La Paysanne : Mon Dieu, madame, pour l'amour de Dieu, prenez courage; le bon Dieu, qu' vous priez si bien, viendra sans doute à not' secoui^s. La Dame : Ah ! Marguerite, c'est fini, tout espoir est perdu pour moi I Mon mari malade, plus d'argent, plus d'emploi, et bientôt plus de pain ! (Apercevant les élèves): O mon Dieu I il y a là quelqu'un, taisons -nous. Louise : [A Mlle Jenny), Quelle est donc cette dame ? Mlle Jenny : Je ne sais, mon enfant. Comme elle paraît distinguée, malgré son air souffrant et triste. La Dame : {S'essuyant les yeux.) Nous cherchions ici quelqu'un. Pardon, mesdames, nous nous sommes trompées. {A part.) Tâchons de ne pas laisser voir notre misère et nos chagrins. la loterie. 79 Louise : Si nous connaissions la personne que vous cherchez, nous vous aiderions à la trou- ver ; nous pouvons hien courir après, nous avons de si bonnes jambes. La Dame : C'est la tranquillité que je cherche, et certes, je ne pourrais la trouver maintenant, le découragement Ta chassée de mon cœur. Louise : Vous paraissez triste, madame. Si nous pouvions vous être utiles à quelque chose ? La Paysanne : J' sais ben en quoi. La Dame : Oh ! merci, je suis un peu souffrante. Eugénie : {A part.) Quand je rencontre une figure gaie le matin, je suis guillerette toute la journée. Mais quand je vois une figure triste (^elle soupire)^ cela me rend comme un bonnet de nuit. Louise : Je vous en prie, madame, nous pourrions peut-être La Dame : Les peines des amis tourmentent beaucoup; quand on les voit dans la gêne, on soufl're autant qu'eux. 80 la sainte-catherine. Armande : Si cette dame pouvait venir un peu avec nous demain, notre joie lui ferait peut-êti'e du bien ! elle se réjouirait avec nous. Mlle Jenny : [Fait signe de se taire). Quand on a de la peine, mon enfant, la joie des autres fait mal. La Dame : {Avec véhémence)» Oh ! chère petite, quand les gens ont per- du tout ce qu'ils possèdent, qu'ils sont à la veille de manquer de tout, qu'ils sont sans ressource, et presque sans pain Louise : Du pain I Nous pourrions leur en donner. La Dame : Et ces malheureuses gens vont être mis à la porte de leur demeure parce qu'ils doivent leui' loyer. (JSJlle pleure,) La Paysanne : C'est justement s' n'histoire !... C'est ben vrai. All'a toujours été si bonne I Ah ! que j' serions contente d'ia voir rire comme au- trefois ? Louise : {Avec sentiment.) Mon Dieu î accordez-nous les moyens de leur être utiles 1 LA LOTERIE. 81 SCÈNE IV. Les mêmes. Les enfants reviennent avec quelques com- pagnes). Aline : [Courant). Oh I pardon, je n'avais pas vu qu'il y avait quelqu'un. Eugénie : Est-ce que nous allons rester avec ces gens-là ? Louise : Cette dame-là a bien du chagrin, sans doute pour quelque parent ou ami, ou pour elle. Nous devons respecter son malheur. Mlle Jenny : Madame, ne vous affligez pas ainsi, ces personnes redeviendront plus heureuses. Si nous étions riches, nous vous aiderions à leur faire du bien. La paysanne : Oh ! q' c'est ben d' donner d' l'espoir. T'nez, mesdemoiselles, quand on a élo ben rldvée, qu'on a reçu une bonne inducation, [u'on a toujours été ben servie, ben habillée, qu'on a toujours rendu des services aux au- tres, c'est dur, allez, ah ! oui, c'est ben dur de presque demander pour soi. 6 82 LA SAINTE CATHERINE. Mlle Jenny : {S' approchant de la paysanne). Est-ce que vous connaissez cette dame ? La PAYSANNE : Si j' la connaissons I je crois ben, j'I'avons élevée, c't ange-là. Armande : [Plus bas). Est-ce que ce serait cette dame-là ? La PAYSANNE : Juste ! c'est elle 1 Jenny et Louise : O mon Dieu ! mon Dieu 1 comment faire ?.. Ah 1 une idée I {A la dame.) Madame, si ce méchant homme voulait attendre un peu, nous essaierions à faire un petit ouvrage. Enfin, comptez sur notre bonne volonté, et sur toute notre sympathie. La Dame : Yous êtes bien compatissantes, aimables demoiselles ; recevez mes remercîments pour vos bonnes paroles, elles font tant de bien ! C'est l'aumône du cœur. J'espère que le bon Dieu vous les rendra en bénédictions. Mlle Jenny : Prenez courage, madamejamais Dieu n'a- bandonnera ceux qui ont été miséricordieux pour les autres. Car vous savez qu'il usera LA LOTERIE. 83 de la même mesure dont on aura fait usage envers son prochain. Aussi, vous avez des droits aux services des bons cœurs. Espérez, madame, n'est-ce pas ? Nous allons chercher un moyen. La Dame : Merci, bonne demoiselle, que Dieu vous bénisse, et vous conserve toujours heureuse. Yiens, Marguerite, notre malade nous at- tend ; adieu. (^Elles s'en vont,) SCENE V. Les mêmes, Aline, Maria. Mlle Jenny : J'ai un petit projet pour venir en aide à cette dame, qui paraît si bonne. Mais vous, que feriez-vous, mes amies ? Aline : Moi, je puis donner dix sous. Armande : Moi, je dois avoir une jolie ménagère, j'en demanderai l'argent, et je le donnerai tout ensuite, Eugénie : Moi, quand j'aurai reçu mes étrennes, j'aurai do l'argent et je pourrai offrir quel- que chose. 84 LA SAINTE-CATHERINE. Mlle Jenny : Y pensez-vous, mon enfant ? quand on a faim, c'est tout de suite qu'il faut avoir. Qui donne vite, donne deux fois. . Eugénie : Ah ! c'est vrai. Je me rappelle avoir dé- jeuné un jour à deux heures... Oh ! comme j'étais malheureuse ! et avec quelle joie j'ai mangé ma tartine 1 Armande : Que nous serions heureuses si nous pou- vions avoir assez d'argent pour aider un peu cette famille I Louise : Nous en aurions tout de suite, si nous n'a- vions pris le projet de l'employer pour nos pâtisseries. Si vous voulez ? Eugénie : Voilà une invention délicieuse, et la Ste- Catherine ? Aline : Nous pouiTÎons peut être aiTanger les choses. On dit qu'il est avec le ciel des ac- commodements ; nous pouvons bien en faire avec les Saints. Eugénie : Sainte Catherine sera toujours indulgente, elle mais notre estomac ? la loterie. 85 Louise : Dame î nous ne ferions pas encore un grand sacrifice 1 quand nous sacrifierions quelques gâteaux, quelques pâtés, du moins nous aurions la joie d'avoir fait une bonne action. Le dessert passerait peut-être avec une indigestion, mais une bonne action, mes amies, une bonne action, cela ne fait que du bien et durera toujours. Maria : Moi, je suis de ton avis. Eugénie : Eh bien ! moi, pas du tout. Yoilà qui est plaisant ; parce que cette femme, " qui est peut-être une intrigante ", arrive juste au- jourd'hui, il faut sacrifier ce que nous avons pour notre amusement ? Dispose de ton ar- gent si tu veux, mais pas du nôtre. Maria : Allons aux voix ! Si la plus grande partie est d'accord, nous ferons ce qu'Aline propo- se... Moi, voilà les 5 francs que l'on m'a en- voyés samedi pour m'amuser, je les donne de bon cœm*. Eugénie : Eh bien ! qu*cn dites-vous mes amies ? Toutes : Que nous consentons, oui, oui. 86 LA SAINTE-CATHERINE. Mlle Jenny : Vous avez raison, mes amies, une bonne action laisse un bon souvenir. D'ailleurs, ma chère Eugénie, faisons toujours le bien. Tous savez que saint Martin a fait l'aumône au démon ; mais Dieu jugeait son action. Si cette dame a une figure trompeuse, tant pis pour elle ; rendons-lui service. Dieu jugera notre intention. Maria : Nous avons cinquante francs, nous pou- vons en donner trente, qui les portera ? Plusieurs : Moi, moi, si on veut me le permettre. Mlle Jenny : L'une de nous ira prier cette dame de vouloir bien recevoir ce petit paquet, en at- tendant que nous allions la voir. Après cela, si vous voulez, mes amies, nous ferons une petite loterie, nous trouverons des lots, nous ferons des billets, et quand on saura que c'est pour rendre service à cette honnête fa- mille, tout le monde nous en prendra . Aline : Une de mes parentes a fait comme cela pour un brave homme de la campagne qui était infirme. On lui a donné cent cinquante francs. Si vous aviez vu comme il était heureux ! Armande : Oui, nous donnerons des billets à toutes LA LOTERIE. 87 nos amies, qui en donneront aux amis des amis de leurs amies, et vous verrez comme il y en aui'a I Maria : Nous allons chercher des lots et nous les apprêterons. Louise : Moi, je vais faire des billets. Oh ! je vou- drais en donner beaucoup ; courez chercher vos lots. Mlle Jenny : Amusez-vous, mes enfants, en nous atten- dant, si vous ne pouvez nous être utiles, [Elle sort). Elise : Vous allez avoir toute la gloire de la bon- ne action, et nous n'aurons rien à faire. Louise : Chantez, amusez-vous, nous ne serons pas longtemps. Elise : Ces demoiselles vont faire des billets, mais, mon Dieu, à qui les donnerons-nous, s'il n'y a personne ! (Bile s'arrête). Bah ! chantons, il viendra du monde, nous propo- serons ces billets, et tout le monde devinera que c'est pour une bonne œuvre. Cet argent donnera la joie et le bonheur chez ces hon- nêtes gens. Que nous serons heureuses de leui' faire du bien I (Elles chantent). 88 LA SAINTE CATHERINE. SCÈNE VL Les mêmes La PAYSANNE : {Qui arrive en courant). Mesdemoiselles, ah I combien nous avons de remercîments à vous faire de vos bonnes inspirations, ou plutôt de votre bonne ac- tion ! je viens vous en conter le résultat. Vous savez bien que, dans le mal comme dans le bien, il faut quelqu'un qui commence. Ima- ginez-vous, mes petits anges, qu'aussitôt que cette demoiselle eût remis le paquet à mada- me, le propriétaire était-là, madame le pria d'accepter l'argent qu'elle tenait, et ne gar- da rien pour elle " qui en avait tant besoin." C'est un brave homme, tout de même, voyez vous ; j'ai vu des larmes dans ses yeux ; mais il partit tout de suite. Un instant après la bonne revint, apportant un grand panier de provisions de la part de son maître, qui faisait bien des compliments à monsieur, poui* qu'il se rétablisse bien vite. Plusieurs : Ah I quel bonheur ! Marguerite : Mais c'est pas tout. Pendant que ma pau- vre maîtresse pleurait et riait à la fois, voilà que le facteur arrive I Monsieur et madame étaient saisis, c'était encore une bonne nou- velle I La place que monsiem* attendait de- LA LOTERIE. O'à puis longtemps sera toute prête à prendre dans quinze joui'S. Ça arrivait comme Mars en carême. Les joues de monsieur qui étaient pâles, sont devenues de joie comme de l'in- carnat. La fièvre est partie tout de suite, et lui est resté gai comme un pinson. En voilà des bonheurs I Mlle Jenny : Vous voyez,mes amies, le résultat que peut avoir une pensée exécutée promptement I Voilà une famille heureuse, car nous pour- rons avec l'argent de la loterie leur donner encore de quoi attendre les quinze jours, et alors ils seront tout à fait bien, Ne sommes-nous pas plus contentes que d'avoir quelques friandises de plus ? C'est bien la meilleure de toutes les récréations. Et puis, quand nous reverrons cette dame, comme sa figure exprimera le bonheur ! et nous serons aussi satisfaites qu'elle, notre cœur sera content, car nous aurons accompli le précepte de l'Evangile, qui dit : " Qu'il faut faire à autrui ce que nous vou- drions qu'on nous fit. " Les plus petites devaient aussi leur part à la fête de famille. Comme elles s'en acquit- taient bien ! Comme il était charmant d'en- tendre et leurs fables et leurs poésies I Il me semble voir cette gracieuse petite 90 LA SAINTE-CATHERINE. bande (mise dans ses plus beaux atours) s'a- vancer gaiement, un étendard à la main re- présentant les différentes lettres de l'alpha- bet ; et s'introduire l'A B C de la Sainte Vierge. Cette prière, nous dit une d'entre elles, fui composée, de ISYO à 1375, par le célèbre Ghaucer, père de la poésie anglaise ; suivant quelques-uns, à la requête de Blanche, du- chesse de Lancaster, pour son usage parti- culier. La traduction de l'anglais en fran- çais est due au chevalier de Châtelain, nous disait une autre. •— •'ïssfsîf^:****.» L'A B G DE LA STE VIERGE ^1 TOI, Marie ! à toi, Dame de bon secours, Reine des affligés, à toi seule ai recours Pour obtenir de toi solace à ma souffrance Et raviver en moi les feux de l'espérance. Vicige puissante au ciel, Fleur de toutes les fleurs, Par ta bonté sans borne allège mes douleurs. Surtout prends en pitié ma langueur dangereuse. Car le péché me tient sous sa griffe honteuse. B .]|^iENVEiLL\NT, généreux envers tous est ton cœur. Donc ne refuseras de calmer ma douleur ; Car ne peux rebuter en bonne conscience Celle qui dans toi. Vierge, a mis sa confiance. Qui sous ton saint giron s'abrite, est en repos ; C'est un port de refuge où n'entrent pas les maux. Vois comme sept voleurs veulent me circonscrire ! A.U secours, au secours ! ou sombre mon navire. c J^HÈRE Mère de Dieu, la consolation Du pécheur ici-bas, vois ma confusion 1 Car le péché si bien s'est glissé dans mon âme, Que, mal éteinte encor, j'en sens l'horrible flamme Se montrer à tes yeux, Source de pureté ! Si, qu'en dépit de moi l'affreuse iniquité Pourrait bien m'envahir et torturer mon âme, Si ne me secourais, ô bienveillante Dame 1 92 LA SAINTE-CATHERINE. D j^ODTER n'est pas permis que par toi le bon Dieu Fit un pacte avec l'homme errant sans feu ni lieu, Lorsque, du Paradis quittant le sanctuaire, Il s'en vint tout confus végéter sur la terre. Si comme dès l'abord fut demeuré tendu De la justice l'arc, — le genre humain perdu Eût certe été frappé par la vibrante corde Mais Dieu, pour le sauver, fit la miséricorde. E I^N toi j'ai toujours mis, Vierge, toul mon espoir, Tu calmas maintes fois mon affreux désespoir, Et près ton divin fils tu me fis trouver grâce. Mais lorsqu'arrivera par le temps, par l'espace. Le jour tant redouté du dernier jugement, Dans moi sera trouvé si peu de fret vraiment, Qu'à moins que d'ici-là. Vierge, tu ne m'amendes N'aurai de mon bilan que piètres dividendes. j^Ais route vers ta tente, en cherche d'un abri, Pour y cacher mon trouble et mon esprit aigri ; Daigne m'y recevoir, t'en prie, ô Vierge sainte ! Pour calmer mon émoi, pour rassurer ma crainte ; Bien que je sois méchante et sujette au péché, Que mon esprit soit faible, et souvent fort bouché j Mais vois, ton ennemi, le mien rugit de joie, S'imaginant pouvoir déjà tenir sa proie. L*A B C DE LA SAINTE VIERGE. 93 G j^LOiRE du monde entier, Vierge, Mère du Christ, Toujours pleine de grâce, et douce au cœur contrit. Et sur terre et sur mer d'humeur toujours affable, Aide-moi d'un regard et sois-moi secourable, Afin que contre moi mon père ne soit pas, Car dans le droit sentier n'ai pas porté mes pas ; Sur moi si tu n'étends un bienveillant diclame, Au fond de l'enfer il bannira mon âme I H I^OMME il est devenu, selon sa volonté, Pour former alliance avec l'humanité. Et de son divin sang il a signé le pacte Sur le bois de la croix par le plus sublime acte. Pour nous autres pécheurs souvent manquant de foi Il a donné rançon, mieux que rançon de roi ! Adonc daigne, ô Marie, ô Dame radieuse, Blanchir de tes clartés mon âme ténébreuse. I^E sais. Mère de Dieu, Dame de bon secours, Que tu nous veux du bien sur la terre toujours ; Que lorsque dans l'erreur, hélas ! tombe notre âme, Ta pitié nous guérit, ta pitié nous réclame, Que tu fais notre paix avec son souverain. Et nous aide à rentrer dedans le droit chemin. Celui qui t'aime donc est un objet d'envie, Car il te trouvera quand finira sa vie. 94 LA SAINTE-CATHERINE. K ^YRIE ELEISON \... Ceux qui disent avec foi Ces mots, sont des esprits illuminés par toi, Et celui-là toujours qui marche dans ta voie Ne trouvera jamais dans son sentier que joie. Or, Reine de bonté, de consolation, Puisqu'à toi je m'adresse en mon affliction, Fais que mon ennemi n'aggrave ma blessure ; Je remets en tes mains ma guérison, ma cure. Jg^AS ! je ne saurais pas dépeindre ta douleur Sous la croix, quand mourut ton fils, notre Sauveur, Mais de par cette peine à nulle autre semblable, Que te fit endurer ta bonté charitable. Reine, ne souffre pas qu'un obstiné pécheur, Selon son bon plaisir — sur lui malheur ! malheur!. Annihile ton vœu d'amour et de concorde. Fais à tel insensé, Vierge, miséricorde 1 M J^oïSE, qui jadis vit le buisson ardent Tout flamboyer de feux, et sans que cependant Du plus petit fagot ne l'enflammât l'attache, Est l'emblème certain de la vertu sans tache ; Toi seule es le buisson sur lequel, c'est écrit, Descendit dans sa gloire un jour le Saint-Esprit. Vierge de pureté, dont si candide est l'âme. Défends -nous donc du feu de l'éternelle flamme. L*A B C DE LA SAINTE VIERGE. 95 N l^foBLE et grande Princesse, au-dessus mille fois Des majestés d'un jour, des reines et des rois, Sainte Mère du Christ, oh î si jamais notre âme Dans ses nombreux ennuis a parfois un dictame, A toi nous le devons ; dans notre adversité Toi seule es l'avocat de notre humilité. Et cela pour bien peu Modique est ton salaire, Et pour quelques Ave nous en voyons l'affaire. O jj^ Lumière des yeux dépourvus de clarté î O plaisir du travail ! ô trésor de bonté ! Toi, vase précieux que Dieu choisit pour more A son Fils adoré, quand il vint sur la terre 1 Qui de Dieu la servante en ton humilité Es maintenant maîtresse au ciel, en vérité, De nos vœux jusqu'à Dieu va porter la prière, Toi qui ne fais défaut ici-bas à nul hère. Pourquoi le Saint-Esprit, un esprit tout d'amour. Te rechercha, je veux m'en enquérir un jour ; Je veux savoir aussi, quand frappa ton oreille La voix de Gabriel t'annonçant la merveille De la Conception, de Dieu quel fut le but. Nous l'avons su depuis, c'était notre salut ! Car si nous faisons mal, par ton interférence Nous sommes pardonnes, si faisons pénitence. 96 LA SAINTE-CATHERINE. Q I^CTAND je viens â penser, Modèle de candeur, Que moi j'ai fait offense à mon divin Sauveur, Et que mon âme peut s'affaisser dans le gouffre De l'abîme sans fond de l'enfer... que je souffre ! Qui sera mon garant auprès du doux Jésus ? Toi, Trône de Sagesse, emblème des vertus ! De notre adversité tu prends pitié, je pense, Plus qu'on ne peut narrer, ô toi, Puits d'indulgence! R Redresse mes erreurs, Etoile du matin, Car je n'ose affronter du Maître du destin, Encor qu'il soit un père, un père que j'admire, Le juste châtiment, tant terrible est son ire ! Mère du doux Jésus, Trésor de charité. Oh ! daigne être plutôt mon juge en vérité, Car toujours la pilié dans ta belle âme abonde. Et c'est par ton concours que Dieu sauva le monde S ^ouTiEN des affligés, Reine de sainteté, Par ta sainte entremise et ta sainte bonté Dieu nous accorde à tous le pardon de nos fautes, Tant par delà le ciel les fonctions sont hautes. Il t'a fait son vicaire et t'a donné pouvoir Dispenser sa justice au gré de ton vouloir ; Voilà pourquoi ton front de blancheur sans égale Est couronné toujours de façon si royale. C DE LA SAINTE VIERGE. 97 ^E^^ïPi'E de Salomon, Temple tout brillant d'or, Où Dieu voulut cacher son unique trésor, Temple d'où sont exclus les mécréants profanes, Temple mystérieux et tout voilé d'arcanes, Reçois-moi sous ta voûte et près de ton autel, Car ne puis plus long temps surnager,... c'est réel ; Les épines m'ont fait telles égratignures Que suis presque perdue au vif de ces blessures. ^AISSEAU d'élection, 6 de David la Tour, Qui du frais paradis nous conduis au séjour, Daigne aussi m'enseigner, pour obtenir ta grâce. Etre digne de toi, ce qu'il faut que je fasse : J'ai pataugé, je sais, dans l'ordure et l'erreur, Mais ne l'ignore pas comme il est bon ton cœur ! Adonc ajourne-moi dans ta miséricorde, La-haut à ce pays de paix et de concorde 1 ^YLOBALSAME ! ô Christ 1 qui pour nous sauver tous Et de ton père au ciel apaiser le courroux, Dans le sein d'une Vierge un jour a pris naissance, De nos affreux péchés pour faire pénitence ; Qui mourus sur la croix pour mon propre salut, Serai-je donc encore un enfant de rebut ? Secours du genre humain, sainte Vierge Marie, A vaincre Belzébuth aide-moi, je te prie. 7 98 LA SAINTE -CATHERINE. ^(^ a-t-il un seul doute, en quittant son bivouac, Quand Abraham au mont conduisit Isaac, Pour le sacrifier, que le fils de ce père Ne crût voir se lever son aurore dernière ? Ainsi pour nous ton Fils mourut comme un agneau, De la miséricorde allumant le flambeau ! Sois donc, Porte du ciel, à nos vœux accessible, Sois notre bouclier, rends-nous le Ciel possible. ^ACHARiE, un de ceux, qui, c'est la vérité, Ont dès les premiers temps célébré ta bonté. T'appelle l'heureux Puits où de toute souillure Peut toujours se laver l'âme la plus impure : A la race d'Adam adonc je veux prêcher Qu'avec le repentir chacun peut t'approcher ; Et qu'aux pécheurs contrits, sainte Vierge Marie, Là-^haut tu fais trouver la céleste patrie ! Les applaudissements n'étaient pas, sur- tout, ménagés à la petite qui nous arrivait dans les atours d'une grande dame ; et, faisant la leçon comme une vieille maman, disait avec aplomb et intelligence les vers qui suivent. DU TRAVAIL Le travail, mes enfants, est toujours nécessaire : C'est le devoir de l'homme et son consolateur ; Il écarte l'ennemi, nous donne le bonheur. Que je plaindrais celui qui n'aurait rien à faire ! Le travail seul conduit à la prospérité : N'allez pas, vous flattant d'une espérance vaine, Attendre le succès sans travail et sans peine. On n'obtient jamais rien sans l'avoir mérité. Notre vie est si courte ! Il la faut employer. Instruisez-vous, enfants, dès l'âge le plus tendre. Vous serez malheureux si vous cessez d'apprendre Et c'est un jour perdu qu'un jour sans travailler. A tout événement le sage se prépare. Riche aujourd'hui, demain le sera-t-il encor ? Ces maux qui l'ont frappé, le travail les répare ; L'aptitude au travail, voilà le vrai trésor. Prenez-en, mes enfants, l'importante habitude. Eh 1 qui sait ce qu'un jour vous pouvez devenir ? Livrez-vous au travail, et, sans inquiétude, Grâce à lui vous pouvez attendre l'avenir. 100 LA SAINTE-CATHERINE. Quel que soit votre état,instruisez-vous sans cesse ; Accoutumez-vous bien à l'occupation. Chacun en a besoin. L'heureuse instruction Du riche est l'ornement, du pauvre est la richesse. Souvent des ignorants traitent avec mépris Les sciences, les arts, dont ils n'ont pu s'instruire. Dédaignez ces mépris qui ne peuvent vous nuire, Laissez dire les sots ; le savoir a son prix. On n'apprend jamais rien sans un travail sévère, Et le moindre talent a sa difficulté. Il faut, pour l'obtenir, courage, activité ; Et ce n'est qu'en faisant qu'on peut apprendre à faire. Pour l'homme courageux il n'est rien d'impossible. Et des difficultés le travail est vainqueur. Plus l'effort qu'il faut faire est fâcheux et pénible, Et plus on en reçoit de plaisir et d'honneur. N'aimez point le plaisir avec un fol excès, Et que l'amour du jeu jamais ne vous emporte. Que l'ardeur du travail soit chez vous la plus forte Le devoir avant tout, et le plaisir après. Quand vous aurez bien fait votre tâche ordinaire. Votre esprit, en repos, sera bien plus heureux. Afin qu'un plaisir vif accompagne vos jeux, Soyez content de vous, n'ayez plus rien à faire, LE BAISER FILIAL LÉGENDE. Un jeune enfant, traversant la prairie, Chantant, dansant, comme on fait à douze ans, Vit un vieillard, à la marche alourdie. Sur son chemin avancer à pas lents. *** *' Enfant, dit-il, ton âge a le cœur tendre ; Secoure-moi, car tu vois, j'ai bien faim. — Moi, dit l'enfant, oh ! moi je puis attendre ; Vous qui souffrez, ami, prenez mon pain. " *** Quand on soulage une souffrance. Le cœur semble vivre deux fois ; S'il vous parle de bienfaisance, Ne repoussez jamais sa voix. *** L'homme de Dieu, car c'était un bel ange, Dit à l'enfant : " Bienfait porte bonheur ; Et, pour ton pain, je te donne en échange Un don bien doux que je tiens du Seigneur : *** 102 LA SAINTE-CATHERINE. Va, mon enfant, dès lors implore et prie Pour le premier des tiens qui souffrira ; Ta douce voix pour lui sera bénie, Et ton baiser, enfant, le guérira. *** Oh I s'il est vrai, ma mère infortunée. Pour toi sera ce doux baiser sauveur. " Rendre la vie à qui nous l'a donnée, C'est un bienfait payé par un bonheur. *** Avec la foi qui produit les miracles, Le jeune enfant s'élance dans ses bras ; Aux vœux d'un fils cèdent tous les obstacles, Et son baiser la sauve du trépas. *** Quand on soulage une souffrance, Le cœur semble vivre deux fois ; S'il vous parle de bienfaisance, Ne repoussez jamais sa voix. LA SAUGE El LE THÊ On m'a conté qu'autrefois Au Cap de Bonne Espérance, Un Jbaril de thé chinois. Qu'on expédiait en France, Oii l'on estime tant, chez les gens délicats, Son parfum qui du goût llatte, excite l'organe, Fut jeté par hasard, au bureau de la douane, Près d'un baril de sauge, herbe de nos climats Dont à la Chine on fait grand cas. Or, tandis qu'on pèse et qu'on jauge, Que commis et marchands discutent les valeurs. Le thé s'adressant à la sauge. Lui dit, dans la langue des fleurs : — Où vas-tu ? d'où viens-tu, voisine ? — Je viens de France et vais en Chine ; On me méprise en mon pays, Mais là-bas on connaît mon prix. Délice des gourmets et chère à la science, J'inspire au Chinois la gaîté. Et s'il est languissant, je lui rends la santé. — Bon voyage donc, bonne chance, Lui répondit le the qui, crû dans le jardin D'un docte et sage mandarin, En avait conservé, sous sa feuille flétrie, Un parfum de philosophie. Moi, je vais en Europe. Il est assez plaisant Que l'un et l'autre ainsi nous changions de patrie ! 104 LA SAINTE-CATHERINB. Ainsi va le monde à présent ; Tout ce qui vient de loin d'abord semble un prodige, On l'admire, on l'accueille avec empressement, On le prise avec engouement, Tandis qu'on dédaigne, on néglige Ce qui vient du pays natal. Ce thé, pour un chinois, ne raisonnait pas mal £. èZHUiKL i. r\^, \}ts,, uorrr.'.^u TABLE DES MATIÈRES Les Enfants charitables pag© 9 La leçon de chant 53 La loterie de la Ste-Catherine "75 L'a b c de la Ste Vierge 91 Du travail 99 Le baiser filial 101 La sauge et le thé 103 PS La Sainte-Catherine et 9091 ses souvenirs S25 PLEASE DO NOT REMOVE CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY 1^\